Se rendre au contenu

Les pigments en peinture



Ce qui donne sa couleur à la peinture, ce sont de petites particules colorées : les pigments. Ces petites particules sont en suspension dans un liant, qui donne sa consistance à la peinture. On peut utiliser de nombreux liants, les plus courants dans les beaux-arts étant les huiles siccatives (pour la peinture à l’huile), les résines plastiques (pour l’acrylique), et la gomme arabique (pour l’aquarelle et la gouache).


Nomenclature des pigments


Les pigments utilisés dans les beaux-arts ont un code, par exemple : PB29, PB15, PR122... Ce code permet de préciser des ambiguïtés de vocabulaire. Plutôt que de parler de "rouge", terme qui désigne dans le langage courant un large éventail de couleurs, on peut se référer à une nuance précise grâce au code du pigment.


La lettre qui suit le "P" code la teinte : B = Bleu, R = Rouge/Rose, O = Orange, V = Violet, G = Vert, Y = Jaune. Les pigments désaturés sont codés PBr (bruns), PBk (noirs) et PW (blanc). Enfin, le numéro précise la nuance exacte. Par exemple, le PB29 correspond à un bleu qui tire vers le violet, couramment appelé "outremer". Le PB15 correspond à un bleu ciel, appelé "bleu de phtalo". Le PB60 correspond à un "bleu d’indanthrène" naturellement foncé, etc.


Même si la désignation précise des pigments permet d’universaliser la dénomination des couleurs, il arrive qu’il y ait des différences significatives entre deux peintures basées sur le même pigment. Cela peut être dû au traitement du pigment (on peut par exemple calciner le PBr7 pour obtenir une terre de Sienne brûlée très différente de la terre de Sienne naturelle), à la finesse du broyage, ou encore aux additifs ajoutés dans la recette du liant.





Pouvoir colorant

Propriétés des pigments


Outre leur teinte, les pigments ont différentes propriétés qu’il est utile de connaître, car elles vont influencer notre usage en pratique.

Intensité de la couleur du pigment. Les pigments ayant un fort pouvoir colorant dominent dans les mélanges.

Pouvoir teintant 


Les pigments ayant un fort pouvoir teintant teintent le papier de manière irréversible. Les pigments ayant un faible pouvoir teintant se prêtent plus facilement à la technique du retrait. 

Granulation

Un pigment qui granule ne se répartit pas uniformément sur la surface du papier et donne un effet de texture. Les particules de pigment peuvent avoir tendance à s’agglomérer ("flocculation"), ou à tomber dans les creux de la texture du papier (pigments lourds).

Opacité

Un pigment opaque est très couvrant, tandis qu’un pigment "transparent" donne un rendu plus lumineux.

Dispersabilité 

La capacité du pigment à diffuser dans l’eau. Des pigments avec une forte dispersabilité fusent sur le papier humide. La dispersabilité est surtout déterminée par les propriétés du liant.

Permanence

Stabilité, résistance à la lumière. Beaucoup de pigments se fanent après une exposition prolongée à la lumière du jour. On dit qu’ils sont "fugitifs". Ces pigments ne doivent pas être utilisés pour des œuvres d’art destinées à être exposées. La permanence des pigments est mesurée suivant une norme ASTM, laquelle donne une note de I (excellent) à IV (fugitif). Pour une utilisation professionnelle, n’utilisez que des pigments notés I ou II.

Les nuanciers établis par les fabricants ne donnent souvent que des informations lacunaires sur les propriétés de leurs couleurs. Cependant, ces propriétés étant surtout liées aux pigments, on peut supposer qu’un même pigment utilisé par différentes marques aura des propriétés similaires. Il y a toutefois des exceptions. Par exemple, un PB29 broyé plus ou moins finement donnera des outremers qui granulent différemment. L’ajout de miel dans le liant réduit la dispersabilité, tandis que le fiel de bœuf l’augmente, etc.


Nature des pigments 

 
Les pigments se classent en deux catégories : les pigments organiques et les pigments minéraux.


Quasiment tous les pigments organiques sont aujourd’hui des pigments de synthèse (les pigments organiques naturels étant fugitifs). Les pigments organiques sont généralement très fins, ce qui leur donne généralement un fort pouvoir teintant et une belle transparence. On retrouve dans cette catégorie les phtalos, les quinacridones, les azos, les pérylènes...


La plupart des pigments minéraux sont également des pigments de synthèse (même si on trouve encore quelques oxydes de fer naturels). Les pigments

minéraux sont généralement plus lourds et plus grossiers que les pigments organiques, ce qui donne généralement des couleurs peu colorantes, peu teintantes, opaques voire crayeuses, avec potentiellement une forte granulation. Ces pigments sont souvent déroutants à utiliser quand on débute. On retrouve dans cette catégorie les pigments à base de cobalt, cadmium, manganèse, etc.


Des pigments imparfaits 

 
S’il existe de nombreux pigments rouges, oranges, et jaunes, le choix de pigments

roses, violets, bleus, turquoises et verts est plutôt restreint, et les couleurs sont

relativement désaturées.



La plupart des pigments bleus, turquoises et verts sont des pigments minéraux (à

l’exception des phtalos), qui ont tendance à granuler, sont généralement opaques

et parfois peu colorants.


Un pigment ne produit pas sa propre lumière mais réfléchit une partie de la lumière qui l’éclaire, tout en absorbant l’autre partie. Ainsi, plus une peinture est riche en pigments, moins elle est lumineuse. Cela implique qu’on ne peut pas obtenir des couleurs aussi lumineuses que celles d’un écran qui produit sa propre lumière1. Cela implique aussi que le rendu d’une couleur dépend de l’intensité et de la couleur de l’éclairage. Eclairez un pigment vert-bleu avec une lumière rouge : vous ne verrez que du noir.



Liste des pigments courants

 

Les pigments les plus souvent utilisés sont listés ci-dessous. 

Télécharger la liste en PDF :